
1/ Quand et comment faire des analyses ?
Une analyse doit être réalisée au moins tous les ans. Il faut récupérer un échantillon en fin de ligne. Ainsi, on approche au maximum de l’eau consommée par les animaux. Attention à bien récupérer l’échantillon dans des conditions d’hygiène idéales : utiliser un chiffon imbibé d’alcool ou un chalumeau (à éviter sur les canalisations plastique), laisser l’eau couler une trentaine de secondes, ouvrir le flacon bactériologique (flacon spécifique à récupérer au laboratoire d’analyse), le refermer immédiatement. Conserver le flacon au frigo et l’acheminer au laboratoire dans les 12h.
2/ Savoir lire l’analyse
Le tableau ci-dessous récapitule les valeurs seuils à obtenir.

3/ Les risques encourus
Qui dit contamination de la canalisation, dit bien souvent présence de biofilm. Le biofilm se dépose sur les parois de la canalisation, il est invisible à l’œil nu et se caractérise par une sensation de gras au toucher. Il fournit un support solide, indispensable au développement des micro-organismes et nutritif.
Pourquoi surveiller cette contamination ? Parce que, tout simplement, les germes ingérés par l’animal vont coloniser le tube digestif, produire des toxines qui vont entraîner des troubles sanitaires, pénalisant les résultats technico-économiques de l’exploitation : pertes, diminution de croissance, augmentation de l’indice, mauvaise tenue des litières, recours aux antibiotiques…
4/ Comment y remédier
Plusieurs méthodes existent en terme de traitement bactériologique de l’eau, nous traiterons les 3 principales : la chloration, le péroxyde d’hydrogène et le dioxyde de chlore.
- Le chlore
Le chlore représente l’alternative la plus économique. Il est de plus faiblement toxique et se manipule sans beaucoup de précautions. La dose à utiliser est d’environ 2 à 5mg de chlore actif/L (soit environ 0,03L de Vitachlore/m3), et se mesure en fin de ligne au moyen de tests chlore adaptés, il doit en rester environ 0,5mg/L (à contrôler tous les 15jrs). Car un des inconvénients du chlore est le fait qu’il se complexe très facilement avec les ions Fer, Manganèse et la matière organique présente dans la canalisation. On ne peut donc pas l’utiliser lorsque l’eau est trop chargée de ces éléments. De même, en cas de pH trop élevé (>7,5), le chlore ne joue plus son rôle de désinfection. Le coût indicatif est de 0,02€/m3.
- Le péroxyde d’hydrogène
Le péroxyde d’hydrogène est une alternative au chlore qui permet d’améliorer la qualité bactériologique d’une eau, même chargée en fer ou en manganèse. Il a une grosse activité sur le biofilm. Il est d’ailleurs important de surveiller les pipettes à petit débit lors de la première utilisation, car il est fréquent de voir un bouchage général par les résidus de biofilm en suspension. Certains l’utilisent en alternance ou lors de vides sanitaires pour nettoyer les canalisations.
Le coût d’un traitement au péroxyde est plus élevé : compter environ 0€14/m3 avec un dosage à 70mL/m3. En terme de dosage, attention car le péroxyde d’hydrogène a tendance à « dégazer » si la température est trop élevée et s’il rencontre une eau chargée. Le risque est de désamorcer la pompe doseuse, à moins de s’équiper d’une pompe à tête dégazeuse.
- Le dioxyde de chlore
Le dioxyde de chlore est la molécule la plus performante du marché en terme de potabilisation de l’eau de boisson. Elle garde le pouvoir désinfectant du chlore, à moindre dose, et ne donne pas de goût ni d’odeur à l’eau, mais est beaucoup plus polyvalente du fait de sa forme chimique (insensible aux teneurs en fer, manganèse et matière organique). Il lutte efficacement contre le biofilm.
Il ne dégaze pas, se contrôle par la même trousse que le chlore. Par contre, il nécessite une installation spécifique avec 2 pompes qui mélangent de l’ acide chlorhydrique et du chlorite de sodium pour reconstituer le produit. Des solutions arriveront bientôt pour lever cette contrainte. Le coût ; or installation, démarre à 0€30/m3.
Jean-Hugues Tiriau Responsable de Marché Hygiène