Mise à l'herbe

Au printemps, l’herbe fraiche fait son entrée au menu de nos animaux jusqu’à l’automne.
C’est la saison qui permet de faire des économies.
Alors, comment adapter la minéralisation à ce changement de régime pour valoriser au mieux l’herbe, c'est-à-dire pour favoriser la reproduction et la production laitière ?

L’herbe, un fourrage riche en minéraux !


L’herbe contient plus de phosphore et de calcium que l’ensilage de maïs. Il faut en tenir compte et ajuster la complémentation minérale.

Pour le phosphore, lorsque la ration de la vache est uniquement le pâturage, les besoins sont quasiment couverts quelque soit le type d’herbe et le stade de végétation.

Pour le calcium, les légumineuses (trèfle, luzerne, vesce) sont suffisamment pourvues. Pour les graminées (RG, fétuque, dactyle) en pur, un apport de lithothamne ou de carbonate de calcium est nécessaire. Sinon, attention à la décalcification des animaux.

D’une manière générale, retenez que plus l’herbe est présente dans la ration par rapport à l’ensilage de maïs, moins la complémentation minérale doit être importante. Les graphiques 1 et 2 présentent ces différences.



Mise à l'herbe

Mise à l'herbe


Le cas du Magnésium


Mise à l'herbe

La tétanie d’herbage est bien connue. En cause, une insuffisance de disponibilité du magnésium et des besoins plus forts (froid, transit, ...). Le saviez-vous, les réserves de l’animal en magnésium sont faibles et peu disponibles. Elles ne couvrent que quelques jours de besoins.
A cela, s’ajoute une absorption du magnésium limitée à l’herbe en raison du potassium dont le niveau est plus élevé à l’herbe qu’avec l’ensilage de maïs.


Attention aux excès de potassium

Comme nous le montre le graphique, les apports important de potassium à l’herbe et notamment par les légumineuses (trèfle , luzerne, …) et les apports de lisier ou d’engrais, ont pour conséquence une mauvaise assimilation du magnésium par l’animal. Prévoir de compenser par un minéral enrichi en magnésium, de l’oxyde de magnésie (20 g/ VL/j), du chlorure de magnésium (20 g/ VL/ jour, soluble dans l’eau de boisson) ou par un seau ou une pierre-à-lécher enrichie en magnésium.

De plus, le potassium augmente la valeur de la BACA, (BAlance Cation Anion) favorisant les fièvres de lait au moment du vêlage. Les animaux seraient plus sujets à l’œdème mammaire. Attention donc au pâturage abondant pour la vache tarie en préparation vêlage. Privilégier un « paillasson » sans trèfle ni légumineuse notamment pendant l’été jusqu’au début de l’automne. Sur cette période, complémenter avec du chlorure de magnésium (80 à 100g/j/VLT) pour ajuster la BACA, tout en apportant du magnésium.

Ne pas oublier la complémentation en sodium

Lesodium ( sel ) favorise l’absorption du magnésium. Les plus fortes quantités d’eau absorbées en consommant l’herbe fraiche nécessite également un ajustement des équilibres ioniques et le sodium permet ses ajustements.

La complémentation en sodium est donc indispensable en période de pâturage … Pour cela, les animaux auront à leur disposition une pierre de sel en permanence. Si le sel est apporté sur la ration, ajouter 15 g/ VL / jour.

Dans la pratique

L’ajustement de la minéralisation se fait d’abord en fonction de la part de pâturage dans la ration puis en fonction du % de légumineuses présent dans les parcelles. Le tableau ci-après donne quelques repères :
Minéralisation au pâturage*, avec une complémentation à 200 - 250 / VL / jour

Pâturage dans la ration Complémentation adaptée Troupeau à fort potentiel et/ou période de reproduction
de 20% à 80% 6 -18 -10 7,5-18-11
80% et plus 3-28-7 4-24-10
*prairie permanente ou prairie temporaire avec association RG + trèfles.

Les apports en magnésium et en sodium devront être augmentés, notamment lors des fortes pousses : printemps, et début automne. Complémenter avec de la magnésie, des ou un minéral avec une forte valeur en magnésium (entre 10 et 20 %). Des pierres de sel à disposition assureront la couverture en sodium.

Pour les vaches taries, privilégiez un pâturage « pauvre » en évitant de toute façon les parcelles fortement fertilisée. Apporter un complément de chlorure de magnésium pour sécuriser le vêlage. L’appoint d’une pierre de sel en libre service, en plus d’un minéral spécial vache tarie, se pratique sans problème d’œdème.

Philippe ADAM,
Responsable Technique Marché Ruminant